Bavella, un peu.

Quel plaisir de découvrir toute la beauté du massif de Bavella. Ce n'est pourtant pas ma première visite! En 2011 je découvrait les lieux grâce à un stage  FFME "Terrain d'aventure".
Une semaine d'automne bien malchanceuse où nous nous étions fait copieusement arrosé, peinant à pouvoir grimper, et même à voir le paysage qui nous entourait !


Cette nouvelle visite, je l'attendais autant que je la redoutais. Quelles conditions allaient nous réserver l'île de beauté ? 
Moyennement optimiste, je ne prévois qu'une semaine, profitant que Caro soit là bas pendant bien plus longtemps, je réserve mon créneau parmi ses partenaires.
Phase de préparation, une visite bière/topo chez Guillaume et Clara me permet de dégrossir et de faire ma petite sélection.
Ce n'est pas chose aisée, j'ai une aversion pour la botanique et beaucoup de photos que je vois reste assez vegeteuse dès lors que ce n'est pas pleine dalle. L'envahissant maquis Corse n'as pas l'air de donner du piquant que lors des approches approches.

Saut de puce en avion low-cost, 30€ de perdu parce que je n'ai pas fait mon enregistrement dans les temps. Trop cool.

Arrivé sur l'île de beauté, direction Bavella, une nuit à l'entre deux cols et c'est parti pour notre première voie. Première voie pour moi étant donné que Caro est là depuis une semaine déjà, les parkings sont repérés et certaines approches également.

Système de cotation à double entrée, tel les anglais proposant une cotation liée à l'exposition en plus de la difficulté technique, les Corses nous propose une cotation de la difficulté de l'approche en plus de la difficulté de la voie. " Sanglier 3" pour atteindre la Punta Achille dans le vallon du Pulischelu, 2h d'approche donnée, nous mettrons 2h20 avec quelques hésitations et demi-tours: Chrono honorable pour une acclimatation. En cadeau : je fais tomber mon téléphone dans la rivière en la franchissant. Je m'en rend compte 5' plus tard et le vois au fond de l'eau. L'eau est belle et claire en Corse !

La voix du jour "Les ans volés" m'a d'abord été conseillée par Guillaume, nous nous sommes ensuite laissés convaincre par la description et les arguments vendeurs du topo. Une voix que tout amateur du genre ( fissure) se doit de visiter. C'est nouuuuuuus: Let's Go !! 6 Longueurs, 270m, ED- 6a/6c/6c+/6c+/6b+/6a. 

Du bas, le grand dièdre est peu engageant, c'est Jardiland là dedans ! 
Nous nous répartissons les longueurs : L1, L3, L4 et L6 pour moi, L2 et L5 pour Caro. C'est seulement en l'écrivant que je remarque je me suis bien fait avoir !!
L1, Gauche ou droite ?
Je débute L1 dans un beau dièdre fissuré venant buter dans des tafonis, le relais est a droite et il faut traverser : ça a l'air dur ! Une fois engagé, j'hésite un peu. J'essaie de desescalader pour retrouver le dièdre et réfléchir un peu, des flakes s'effritent de partout je manque de chuter, me reprend, et chute tout de même avec un autre flake. Ça commence bien !
Deuxième tentative je grimpe sur les tafonis par un mouvement un peu physique en sortie du dièdre a gauche cette fois-ci. Une fois rétabli je traverse complètement à droite avec une mauvaise protection pour trouver une lunule en place et enfin atteindre l'arbre de relais. Quelle histoire !
Caro dans sa longueur du grand dièdre
Caro s'engage dans L2. Un passage d'épineux permet de rejoindre une zone de renfougne. Un peu d'opposition, quelques coincements, ça protège assez bien et c'est relativement facile à grimper. Hormis le bas, c'est moins végétal que ça en a l'air.

L3, je sors du dièdre pour atteindre une fissure/dièdre en ascendance gauche un peu déversante. Les coincement sont bons, il y a quelques calages possibles pour respirer. En sortie la traversée continue en dalle, protégée par un goujon et on bascule de l'autre côté de l'arête pour trouver le relais,  jolie courte longueur.
Sortie de la fissure, avant la traversée en dalle

L4, sans doute la fameuse "envolée". Une longueur de presque 50 mètres ou l'on chemine de fissure en fissure sur une dalle très raide. Majoritairement en coincement de mains, c'est assez varié avec quelques passages plus larges. La longueur pourrait être majeur si elle n'était pas accompagnée d'herbes, ronces et autres arbustes venant gêner la progression et casser un peu l'esthétique, c'est dommage !
L4, raid et grande longueur à potentiel

L5 pour Caro, même tarif sur le début de la longueur avant de trouver des fissures propres avec écailles et traversée en inverse les pieds à plat, magnifique deuxième partie de longueur !

La sortie se fait par un couloir/dièdre pas désagréable une fois les arbres passés et enfin quelques tafonis sommitaux. Il fallait normalement les éviter par la gauche mais nous souhaitions tomber sur le relais de descente pour limiter les manip' de corde. Grosse erreur, je me suis retrouvé avec un tirage monstre pour assurer Caro, on a épilé la corde.
Sommet de la Punta Achille

Sommet de la "Punta Achille", du nom d'un fils d'un des ouvreurs, sans doute les fameux "Ans volés" ?

Retour au pied de la voie, nous sommes contents de trouver la source ruisselante à quelques mètres des sacs. Retour aisé, en 1h nous sommes à la voiture.

Bilan du jour: La voie est belle mais manque peut être de passage ou/et de nettoyage pour laisser un souvenir majeur.

Moyennement satisfait de cette entré en matière, le deuxième jour on veut du Label rouge, donc c'est direction la Punta Lunarda et la voie "Nirvana" . Pas de doute possible, cette voie à une réputation : Rocher exceptionnel, fissures larges , approche relativement simple. On sait qu'on ne sera pas déçu ! Cotée ED, les longueurs de décomposent comme suit : 6b/6a/6b+/6c+/6c+/4a/6c+. Une vrai voie de sexogradistes !

Bon mais au petit matin les impressions de la veille se confirment, je me sens un peu bizarre et très fatiguée. La nuit a été longue, le sommeil mauvais : je suis malaaaadeuuuuuuuh.
Pas grave, on verra à la fin de la journée comment ça évolue . 1h20 d'approche, pas d'erreur et aucun téléphone dans la rivière, on est bon !
La Punta Lunarda. Le téléphone n'a pas trop apprécié le bain de la veille, de la buée sur les objectifs de l'appareil photo lui donne des difficultés avec le réglage de l'exposition.
Avec une face orienté sud, Nirvana ne donne pas vraiment envie de grimper en pantalon et en manches longues, pourtant les longueurs qui nous attendent nous y contraignent: Squeeze , Off Width et fissures profondes sont au menu. Heureusement un peu de brise et quelques relais à l'ombre nous rendront la journée vivable.

Nirvana est une voie qui contient quelques goujons, il faut toutefois s'armer de quelques gros friends. Un rééquipement à eu lieu, ne connaissant pas la voie avant, je ne sais pas quoi penser des points en place. En tout cas, il aurait été possible de faire sans, ils sont toujours placés à coté de fissures...

Comme la veille je commence la voie dans une première longueur entre technique de fissure et d' opposition pour un 6b pas volé.
Au départ de la voie

L1, fin des difficultés pour Caro

Caro s'occupe de L2 une longueur avec de beaux coincement dans des dièdres fissurés. Très chouette !

La troisième longueur comprend deux passages typé renfougne. Le premier en squeeze qui s'élargit un peu dans sa deuxième partie puis une fissure profonde en slot. Dans cette dernière au moment d'aller coincer ma main gauche tout au fond de la partie étroite, ayant la partie gauche de mon buste qui s'insère également dans l'étroiture de la fissure, un des mousquetons autour de mon buste me rentre violemment dans la cage thoracique, sous le pectoral. Je ressens une violente décharge, je termine la longueur en serrant les dents avec une douleur vive et ciblé dès que je dois coincer mon buste ou le bouge pour progresser. J'ai les boules, cette douleur je la connais trop bien. Une côte fêlée.
L3, première partie: Laminoire puis oppositions
J'en parle à Caro qui m'a rejoint, étant donné que c'est son tour de grimper je lui propose de continuer, en second je verrai bien ce que je peux faire. 
Caro s'occupe de L4, une belle fissure a main bien verticale qui s'élargit à mesure qu'elle se couche , ça coche propre et je la rejoins sans grosse douleurs en progression dans l'axe ce qui me rassure un peu. 
L4, caro en termine avec la fissure à main et débute la fissure plus large: J'entend couiner
Nous sommes au pied du magnifique dièdre de L5. Je lui propose de continuer et de faire ma longueur comme prévu, un peu encouragé par la beauté de la longueur. 
La longueur est longue, continue, typé  opposition d'abord puis fissures larges ensuite pour terminer avec de très bon coincements de mains. Je ressent quelques douleurs mais c'est encore acceptable, ormis au passage du bloc coincé ou je fais un faux mouvement qui m'envoie une bonne décharge. Relais. En assurant Caro je suis complètement dans les vapes, je m'endors presque: au soleil, le virus qui gagne du terrain et la douleur dans les côtes m'assomment totalement. 
L5, on reste dans le thème XL, longueur superbe

Je demande à Caro de faire la dernière longueur qui était initialement prévu pour moi car ayant une fin en fissure Off-width je suis avantagé. Cela réparti un peu mieux les longueurs et me dispense potentiellement de forcer plus qu'il n'en faut. Et puis de toute façon, une longueur en 4a: Ca compte pas !
Cette longueur est très jolie, une cheminée avec 2 points d'assurage conduit à un passage dans une chatière. Ensuite la sortie dans le raid mur sommital s'organise avec un passage dans des écailles puis la fameuse fissure Off-width.
Je donne mon maximum pour terminer la voix proprement, ayant conscience que c'est sans doute ma dernière longueur Corse, je peux bien serrer un peu les dents !
L'arrivée de cette magnifique voie se fait avec soulagement, mon corps est vidé, je suis trop triste de m'être encore blessé sur une côte. Je sais que la semaine est fichue ainsi que quelques semaines suivantes.

Le re-equipement de la ligne de rappel permet de s'éloigner des fissures et des éventuels problèmes de rappel de corde, nous sommes vite en bas. 
Descente en douceur, nous esquivons le passage des dalles expo de l'approche par les cordes fixes équipées sur la rive droite. Dernier coup d'œil à la Punta Lunarda, quel sommet esthétique !

Une fois à la voiture, confortablement assis, j'oublie un petit peu mes péripéties et me remémore les très belles longueurs de Nirvana qui en font une voix magnifique. Une Must-Do !
Une fin tristoune. Couenne pour Caro au col de bavella
Le reste de la semaine et beaucoup moins marrant: complètement HS pendant 3 jours je finis tout de même par pouvoir assurer Caro dans quelques couennes sur la fin de mon séjour. Une semaine après mon arrivée, c'est le retour sur le continent avec une fois encore l'impression de passer à côté de l'île de beautés.