La ligne parfaite n'existe p...

Très net et sans traînée, c'est un trait de génie propice au trait d'esprit, tracé par la règle de la gravité. Une règle inflexible Newtonienne à l'abstraite courbure Galiléenne. Intraitable et entrainé, ce trait gardien des bleus ne laisse rien passer: L'apprenti bleu du ciel regarde amer le bleu profond des eaux séantes sans jamais l'étreindre.

L'horizon est une habitude qui n'a pour habitude de se distinguer qu'aux heures où le soleil le touche. Alors, il s'enflamme. Le reste du temps il ne bouge pas, placide arrière plan des lignes de fuites, goûtants la dynamique d'une perspective infinie.

"C'est un voyage comme on à pas idée
Comprend qui comprend mais qui comprend comprend l'humanité

Même l'horizon jalouse mes limites qui fondent

L'étendu sensoriel de la rencontre des mondes"

Rocé - Carnet de voyage d'un être sur place

L'horizon est oublié car l'escalade incarne la verticalité. Prendre plus ou moins de hauteur pour regarder le monde en petit, s'extirper de la masse, grimper pour mieux voir, pour mieux être vu. Grimper casse la nuque: on regarde au dessus de soi pour comprendre le chemin à parcourir, pour s'assurer de bien assurer, pour encourager. On regarde en dessous de soi pour guider, pour contempler le chemin parcouru, pour s'assurer que le monde, si petit en bas, continue de tourner en rond pendant que nous nous en échappons le temps d'une envolée statique. Car voilà la terrible réalité de la verticalité: A grimper des heures on ne fait jamais que du sur-place. Ce temps passé à la vertical vaut de l'or, de l'or donnée à l'abscisse O.

L'horizon lui avance, il se joue de nous, tel la carotte suspendu par une canne devant l'âne. Je me demande quel effet cela fait, de contempler chaque jour le même horizon, sans décors alors que l'eau défile sous la coque. Je repense à cette scène magnifique, poignante du film "The Truman Show": Truman, l'homme vrai, l'homme sincère, prisonnier de la réalité partant toutes voiles dehors chercher sa liberté, cap vers l'horizon.

Le Cap Canaille est un belvédère parfait avec l'horizon à perte de vue. Jamais perspective aussi plate n'avait autant occupé mes rêveries de fin de longueurs. N'est ce pas fantastique de connaître la réponse mais tout de même se demander: Et après ? 

"J'irai plus loin que l'horizon,
C'est bien mieux que le bout de son nez
Tous les murs qui nous bloquent brisons
Avances, laisses les klaxonner
Viens, la vitesse de mon son frisons"

Oxmo Puccino - Toucher l'horizon