Bardénas Réales, désert espagnole

Le Maroc était bon mais tout gourmand que je suis, je reprendrais bien une part de désert. En profitant de notre séjour à La Pedriza, pourquoi ne pas découvrir quelques spécialités espagnoles ? Car elles sont quelques-unes sur le territoire ibérique. Zones arides rendues désertiques par la magie de micros climats, les déserts espagnoles font la curiosité des touristes en manque de dépaysement. Touristes, nous sommes: "Faut y voir" !

Le désert des Bardenas Réales se trouve en Navarre, à mi-chemin entre Saragosse et Pampelune. Sur la route de Madrid cela ne nous fait pas un gros détour et nous profitons donc du trajet pour découvrir ce parc naturel sur un itinéraire de trois jours en bikepacking.

C'est la découverte pour Caro qui n'a jamais fait plus de 10km à vélo. Pour l'occasion, je (re)monte un Specialized "Hardrock" de 1990 en format VTT voyage, un peu en dernière minute et en budget serré. Je sais que Caro ne va pas chipoter de toute manière elle n'a aucune comparaison, et de toute manière elle aura mal aux fesses. Le plus important: Il a du style, il est à sa taille et il est réglé comme une horloge. Ou presque. P***** de triple plateau !

Le Parc des Bardenas Reales se compose de trois zones géographiques distincts. La Bardenas Negra au Sud-Est, la Bardenas Blanca au centre et la Bardenas del Plano au Nord-Ouest. J'envisage avec Komoot un itinéraire en boucle qui nous fera découvrir les différents secteurs de cet espace naturel.

La météo n'est pas franchement au beau temps, et les paysages mi aride-mi agricole sur notre premier jour de vélo ne m'enchantent pas plus que ça, même si la géologie rend les lieux assez singuliers, caractérisé par des plateaux bien marqués sur lesquelles nous roulons facilement. Loin des paysages désertiques, les champs sont partout ou presque, cédant la place à du maquis et des petites forets en fin de journée. 

Entre la préparation des affaires, la grosse étape de 60 kilomètres et les pauses photos, nous arrivons à notre premier bivouac de nuit. Plus qu'un baptême pour Caro, on peu commencer à parler de bizutage !


Qui dit parc naturel, dit réglementation: On connait ! Il est théoriquement interdit de dormir dans le parc, je ne sais pas si c'est très surveillé mais par principe, notre itinéraire flirt avec la frontière pour trouver de quoi dormir. Nous passons deux nuits en dur, bivouac au sol mais protégé du vent et des pluies éventuelles dans deux bâtiments bien différents. D'abord une agréable cabane forestière, ensuite les restes d'un bureau administratif devenu squat pour voyageurs ou zonards. 


Au deuxième jours nous sillonnons la Bardena Blanca. C'est ce qui fait la réputation du lieu, on est dans le désert à proprement parler, le désert comme on veut le voir. Les formes sont dingues, les paysages découpés et travaillés par l'érosion. Notre trace nous fait quitter les pistes roulantes pour des monotraces joueuses et sinueuses au coeur des badlands. 

Au dessus de nos têtes les vautours cherchent les quelques courants ascendants pour planer, bien maigres en ce jour. Nous ne croisons presque personne, ni visiteurs ni paysans et il règne une impression de solitude, de terres abandonnées. Pourtant la trace des hommes est partout. Les quelques parcelles exploitables sont parfaitement cultivés: Silence, ça pousse.

Mais où trouvent ils l'eau nécéssaire ? De notre coté, il nous faut être autonome pour trois jours à deux car il n'y a pas de point d'eau. J'opte pour le bidon de 5 litres en plus de nos différentes gourdes, pas très orthodoxe mais ça n'a pas bougé et ça c'est vite oublié dans le pilotage du vélo.


Le soleil arrive finalement pour notre dernier jour, avec de la hauteur, nous découvrons des points de vues superbes sur l'intégralité des badlands en bordure de la Bardenas Plano. Bonus, nous repassons dans la Blanca pour revenir à notre point de départ et nous pouvons profiter des couleurs de dingue que peut proposer ce surprenant désert des Bardenas, véritable anti-oasis, entouré de territoires verdoyants et humides.



Pour l'anecdote, le lendemain de notre arrivée, nous trouvons la chaine et la cassette de nos deux vélos entièrement rouillées. Ayant traversé une zone boueuse avec de l'eau au fond d'un canyon sur notre dernière étape, nous découvrons ainsi la forte concentration en sel du sol des Bardenas.


Je suis super content et surpris de ce que l'on a pu voir sur ces trois jours, même en ayant préparé l'itinéraire je ne m'attendais pas une telle variété des paysages. Caro termine cette petite initiation au vélo en itinérance avec un mal aux fesses prévisible et plutôt contente de l'expérience, manifestant toutefois une nette préférence pour les descentes que pour les montées. 
Le vélo est bien adapté à ce parc, permettant de s'aventurer dans les zones reculées, de prendre son temps pour profiter des paysages,  tout en parcourant un grand nombre de kilomètres.