Blaitière - Patapouf/Brown et Fidèle Fiasco

 Cette fissure de patapouf, c'est depuis l'été dernier qu'elle est dans un coin de ma tête. C'est le genre de ligne qui fait rêver, splitter large pleine dalle très pur. Cherchant des infos sur la Brown-Whillans, je suis tombé sur les sites de Julia Virat et d'Alpi guide qui partageais leurs sorties, il n'a pas fallu longtemps pour la mettre sur la liste cette belle fissure ! Restait à trouver le moment car il ne s'agit pas de se lancer la dedans la fleur au fusils. Après 3 jours autour du refuge d'Argentière avec Caro nous étions "en mode granit" et l'annulation d'une sortie alpi a été l'occasion d'organiser une visite au plan de l'aiguille en dernière minute.

Au programme, patapouf bien sûre mais également quelques voies de fissures dans le beau granit de Blaitière. Je propose à Caro d'attaquer directement par Patapouf, histoire d'être frais. L'approche est un peu sketch puisqu'il faut aller tout au bout de la vire et du névé d'accès aux grandes voies de Blaitière, garantissant la tranquillité loin du pilier rouge. On hésite un peu sur la stratégie: Attaquer par la Brown, basculer dans patapouf puis rejoindre la Brown ? La première longueur de Patpouf est très séduisante avec un splitter à main pleine dalle... ca serai dommage de louper ça ! Faire les deux ? Ca prend du temps et on est pas en avance...

Décision est prise de grimper Patapourf puis de rejoindre la Brown, on verra ce qu'on fait ensuite.

L1 de Patapouf réveil un peu, une rampe fissurée assez raide encombré d'écailles qui questionnent permet de rejoindre le splitter "petites-mains", très classe !


Relais commun avec R2 de la Brown-Whillans nous contournons une zone de surplomb par la gauche pour rejoindre la ligne et faire relai au pied de la fissure off-width. La ligne est démente, d'une pureté hyper satisfaisante. La grimpe dans ce genre de ligne est assez physique, cardio. Les coincements à deux mains permettent de se hisser petit à petit le long de la fissure, peu propice à la tricherie puisque la dalle, compact, ne propose pas vraiment d'aide à la progression. Nous avons avec nous trois camalot #5 et un camalot #6. Le 6 est peu utilisable sur cette longueur mais faute de mieux... on lui trouve une place ^^

Fissure parfaite

A mi-chemin, on croise un vieux coin de bois, qui embête plus qu'autre chose pour le passage si l'on veut se satisfaire d'un passage sans aide, et puis petit à petit on voit la fissure se rétrécir pour se transformer en une ballade jubilatoire sur verrou de main: Un bonheur après l'intensité de la partie large.


Je fais relais quand la fissure se transforme en fissure à doigt. Nous somme juste à coté de la voie Brown, nous visons tout droit à travers la dalle en cheminant sur de fines fissures à doigts, on ne s'occupe pas des pitons qui se trouve sur notre droite, pour viser un relai au pied d'une fissure déversante.

Cette fissure est coté 6c (?), plus technique que physique, elle change un peu de style au fur-et-à-mesure pour s'élargir. Nous faisons relais au pied de la partie large, ne sachant pas trop à quoi nous attendre ensuite car nous grimpons avec peu d'infos.


Cette section large, que je protège par un #6 se transforme en fine fissure qui s'arête, un pas en traversée sur la gauche permet de rejoindre un dièdre fissuré. Je fais relais dans celui-ci.


Caro prend le lead, termine le dièdre et sort loin au dessus, dans du terrain moins raide et qui se perd un peu. c'est la fin de la section grimpante et il est peut être possible de continuer au dela des vires fontaine mais c'est une autres sortie. Nous descendons par les relais de la Brown-Whillans en refaisant la triangulation des 4 premiers rappels et en nettoyant les vieilles cordelettes. Les rappels nous permettent de découvrir le bas de la voie, qui me fait peu envie. Il y a beaucoup de pitons et de vieux spits, on est d'avantage sur une voie historique. Le bas des rappels est propice aux coincements de corde et aux chutes de pierres en rappelant la corde, méfiance.


Une fois en bas ce n'est pas terminé, rejoindre la fin de la vire demande de l'attention sur ces gradins en désescalade sablonneux. Au bivouac, nous savourons la satisfaction de cette escalade, vidés, déshydratés mais heureux.



Ca piquote sur le genoux et la malléole, courbature au dos et aux abdo... c'est la gueule de bois de la fissure large. Deuxième jour nous partons pour Fidèle Fiasco. L'approche sur le névé gelé demande un peu de temps et on arrive finalement à partir au coeur de cette grande paroie de Blaitière. Sur la papier, Fidèle Fiasco est donné comme une voie de fissure. Dans la réalité, si nous trouverons effectivement de belles fissures, nous somme salement cueilli par les passages en dalles qui viennent nous rappeler à l'ordre sur nos techniques en la matière. Bon, ça passe, ca manque d'enchainement pour se satisfaire d'une escalade "qui déroule" mais ça passe en serrant fort les croutes et les fesses.

L4, longueur technique

L5, belle fissure
En dehors de ce "détail" il est vrai que les envolés en fissures et dièdres sont très belles et donne à l'itinéraire un vrai intérêt dans le style. Chaque longueur grimpe et c'est une voie qui mérite largement sa cotation.

L10, une traversée teigneuse avant une belle écailler et un dièdre fissuré


La descente est super fluide, dans l'axe, avec des relais rééquipés, ca change de la veille. Il y avait un troisième jour de prévu avec une petite contrainte horaire, mais ni nos pieds ni nos têtes ne sont vraiment décidés à se remettre au charbon. Grace mat' et retour en vallée, pas déçu du week-end.