Belledonne, d'ici à là-bas

Ça fait déjà quelques temps que je cours après cette traversée de Belledonne à la journée. En 2018 avec Aubin nous faisions la traversée Sud, de Chamrousse aux 7 Laux. En 2020, juste avant le confinement je réalisais une traversée de la partie nord, des 7 Laux jusqu'au col du Grand Cucheron, seul et avec navette en vélo. C'était déjà une sacrée bambée alors même que j'étais très entrainé. Lier ces deux itinéraires pour faire la traversée intégrale reste depuis dans ma tête mais n'ayant jamais eu l'alignement des planètes entre les conditions, la disponibilité, les partenaires, le projet passait chaque printemps à la trappe. Mais pas cette année. Cette année, je savais que j'allais la faire: Je ne savais pas quand ni avec qui mais je m'étais donné comme objectif de tenter quelque chose. 

Cette tentative s'organise un peu sur le pouce, une proposition à la volée à Adrien pendant que je lui répare son vélo amorce les choses, Sylvain monte dans le train pour Belledonne alors qu'Adrien venait chez lui pour lui emprunter ses skis légers. L'équipe de choc est constituée, prête à tout mais bonne à rien: Deux sorties de ski pour Sylvain cet hiver, deux pour moi et à peine plus pour Adrien, une équipe qui mise sur l'expérience donc. Comme dirait Sylvain "Suffit de prendre beaucoup à manger". "Et plusieurs paires de peaux" aurai-je dû lui répondre, quel manque de réparti ! Mais j'y reviendrai.

3h45, nous partons de Roche Béranger et la montée à la Croix de Chamrousse me parait déjà un peu longue. Heureusement, la deuxième bosse jusqu'a la Grande Lauzière est plus rapide que dans mes souvenirs ce qui n'est pas pour me déplaire. Nous y trouvons aux premières lueurs de l'aube un couloir Nord en excellente condition, de beaux virages c'est toujours bon à prendre.

À l'heure du petit dèj au col de Freydane, surplombé par le Grand Pic je repense à ma dernière visite dans la face accompagné d'Adrien à l'automne dernier. Rien à redire, c'est une belle montagne. Sur la quatrième bosse, Adrien paye sa tournée de Compeed, mesure préventive indispensable vue le manque de pratique cette saison. À cette occasion je remarque que Sylvain est aussi blanc que la neige, la journée se sera longue pour tout le monde mais comptera double pour lui. 

De col en col la chaleur nous rattrape à la traversée sous le Pic du pin qui nécessite quelques déchaussages le manteau neigeux s'amenuise rapidement là-bas. La neige humide commence son inévitable conséquence sur les peaux qui se gorgent d'eau et colle difficilement. Sylvain dont les Pomoca ne sont pas réputées pour leurs colles commence à galèrer et doit jongler entre les paires organisant un roulement séchage sur son sac à dos.

Le col de la Vache nous entame un peu, la bascule sur les lacs des 7 Laux est l'occasion d'avaler les kilomètres sur une moquette bien agréable. Nous optons pour le passage par le col du Mouchillon, moins haut, avec la vue imprenable sur la prochaine bosse qui à tout du kilomètre vertical la longue combe du col du Tépey.

Cette montée, que nous débutons à 12h45 sous un soleil de plomb se termine dans les formations nuageuses 2 heures plus tard et 20° de moins. Ce yoyo climatique me met un sacré coup sur la caboche et commence même à me faire mal au ventre. 

Déjà en 2020 entre le col du Tépey et la Selle du Puy Gris j'avais fais l'erreur de louper la traversée permettant d'économiser du dénivelé... La troisième sera la bonne ! En attendant, direction le col du Moretan pour contempler l'immensité de Belledonne, si la vue sur le chemin parcouru procure une certaine satisfaction, celui à parcourir me donne quelques doutes. L'état de forme, nos pauses régulières et les petits temps perdus ici et là me laissent présager une arrivée bien tardive à notre point de rendez-vous. 

Nous décidons tout de même d'aller voir à la prochaine bosse, la Brèche du Frêne. Brèche que nous ne franchirons jamais. Sur la bosse intermédiaire, la Montagne du Coteau nous organisons un pow-wow et devons nous rendre à l'évidence, l'arrivée envisagée se fera vers 1h du matin avec les complication que ça apporte pour se faire récupérer. Sans compter les incertitude sur l'enneigement pour éviter les Grands Moulins.

Décision est prise, parmi les multiples options toutes plus fatigantes, chiantes ou incertaines les unes que les autres de faire demi tour et de descendre dans le vallon du Veyton, malgré les 10km de marche qui nous attendent avec les skis sur le sac et en chaussure de ski. Dieu merci, si toutefois il y était pour quelque chose, Patrice remonte les cinq derniers kilomètres de piste bien cabossé nous raccourcissant  avec bonheur cette interminable randonnée imprévue.

Chamrousse - La Chevrette, une presque traversée de Belledonne - 60km 5700d+